Matériaux bas carbone dans la construction : qu'est-ce que c'est ?

Construire tout en réduisant l’empreinte carbone du bâtiment : c’est le défi du moment pour le secteur de la construction. Entre béton et acier bas carbone, matériaux biosourcés et géosourcés, les solutions existent. Mais quelles sont leurs spécificités et comment les différencier ? Tour d’horizon des alternatives durables.

• Sommaire
• Définition : les matériaux bas carbone, c'est quoi ?
• Matériaux bas carbone, biosourcés et géosourcés : quelles différences ?
• Le béton bas carbone : une alternative incontournable
• L'essor des matériaux biosourcés dans la construction
• L'avenir des matériaux bas carbone : vers une construction plus verte

Pierre, feuille, ciseau… nous sommes loin du jeu de notre enfance et pourtant, le choix des bons matériaux devient la base de toute nouvelle construction. En effet, face aux enjeux climatiques et aux objectifs de décarbonation, le secteur de la construction accélère sa transition vers des pratiques plus respectueuses de l’environnement. Au cœur de cette mutation, les matériaux bas carbone se démarquent comme des alternatives durables aux matériaux traditionnels. Mais que désigne-t-on précisément par « matériaux bas carbone » et comment se différencient-ils des matériaux biosourcés et géosourcés ?

 

Définition : les matériaux bas carbone, c’est quoi ?

 

Un matériau bas carbone est un matériau dont la production, l’utilisation et le recyclage génèrent peu d’émissions de CO2. Il se distingue par des procédés de fabrication optimisés, une utilisation accrue de ressources renouvelables ou recyclées et une durée de vie prolongée afin de minimiser son impact environnemental. Ces matériaux peuvent être issus de filières diverses et incluent aussi bien des éléments naturels que des matériaux industriels repensés pour être moins polluants.
La construction représente environ 40 % des émissions mondiales de CO2. Face à ce constat, l’utilisation de matériaux bas carbone est devenue un enjeu stratégique pour atteindre les objectifs climatiques de la France, notamment dans le cadre de la Réglementation Environnementale 2020, RE2020, qui impose des exigences accrues en matière d’impact environnemental des bâtiments, avec de nouveaux seuils triennaux à venir en 2028 et 2031, après le seuil 2025 de la RE2020.

 

Matériaux bas carbone, biosourcés et géosourcés : quelles différences ?

 

Si l'on parle souvent des matériaux bas carbone en les associant aux matériaux biosourcés et géosourcés, il est essentiel de bien distinguer ces catégories :
•    Les matériaux biosourcés proviennent de la biomasse (végétale ou animale). Ils incluent le bois, la paille, le chanvre, la laine de mouton, ou encore le liège et le bambou. Ils sont renouvelables et possèdent d’excellentes performances thermiques.
•    Les matériaux géosourcés sont issus de ressources minérales présentes naturellement dans le sol, comme la terre crue, la pierre, ou certaines céramiques. Leur transformation requiert peu d’énergie, ce qui limite leur empreinte carbone.
•    Les matériaux bas carbone, quant à eux, englobent une approche plus large, incluant non seulement les matériaux biosourcés et géosourcés, mais aussi des matériaux industriels comme le béton bas carbone ou l’acier recyclé, qui intègrent des innovations permettant de réduire leurs émissions de CO2.

Info en + : l'ardoise est le matériau ayant la plus faible empreinte carbone tout au long de son cycle de vie.

 

Le béton bas carbone : une alternative incontournable

 

Longtemps pointé du doigt pour son impact environnemental : le béton traditionnel représentant 8 % des émissions mondiales de CO2, le béton bas carbone constitue aujourd’hui une solution prometteuse. Il repose sur la réduction du clinker, un composant du ciment extrêmement énergivore, au profit d’autres éléments moins polluants comme les pouzzolanes, les laitiers de hauts-fourneaux, ou encore des matériaux recyclés issus de la démolition.
Des projets innovants, comme Recygénie dans le quartier Brenu à Gennevilliers, démontrent le potentiel du béton recyclé dans les constructions neuves. En France, des industriels, à l’image de l’entreprise vendéenne Hoffmann Green Cement Technologies, développent également des ciments à faible émission de CO2, permettant une réduction allant jusqu’à 70 % des émissions par rapport aux ciments traditionnels. Lire aussi - Bouygues Immobilier accélère la décarbonation de ses projets grâce au ciment innovant d'Hoffmann Green

 

L’essor des matériaux biosourcés dans la construction

 

Actuellement, les matériaux biosourcés ne représentent que 10 % des matériaux utilisés dans le bâtiment, un chiffre encore insuffisant pour atteindre les objectifs climatiques. Plusieurs initiatives et réglementations favorisent et favoriseront leur essor dans l’avenir, notamment dans le cadre de la RE2020. Parmi les matériaux les plus prometteurs :
•    Le bois, acteur clé de la construction durable, séquestre du CO2 et réduit les délais et les nuisances de chantier grâce à la préfabrication. La construction hors-site en bois reçoit d’ailleurs le soutien des pouvoirs publics.
•    La paille, un isolant naturel performant, est utilisée dans des bâtiments démonstrateurs, où elle est combinée à du bois et de l’argile.
•    La terre crue, qui revient en force grâce à ses qualités de régulation thermique et son faible impact environnemental. Des projets pionniers comme Terre & Ciel dans l’écoquartier Victor Hugo à Bagneux par le groupe Gambetta, Ikone à Grenoble par Ogic ou Terre de Bassins à Biganos par Quartus illustrent son potentiel ; d’autant quand elle devient une ressource de proximité, fabriquée de manière locale.

 

L’avenir des matériaux bas carbone : vers une construction plus verte

 

Le développement des matériaux bas carbone repose sur plusieurs leviers stratégiques :
- Encourager l’innovation pour concevoir de nouveaux matériaux toujours plus performants.
- Développer les filières de production des matériaux biosourcés et géosourcés afin d’augmenter leur accessibilité.
- Réemployer et recycler davantage de matériaux dans les chantiers pour réduire l’extraction de ressources. Découvrir également - Economie circulaire dans la construction, mode d’emploi
- Favoriser les circuits courts et l’usage de ressources locales pour limiter l’impact du transport.

Si les matériaux bas carbone jouent un rôle clé dans la transition écologique du secteur de la construction, leur intégration ne peut se faire sans une approche globale et rigoureuse. Les évaluations techniques restent essentielles pour garantir leur aptitude à l’emploi, par exemple sur la santé des occupants, et assurer la qualité des ouvrages. Bien sûr, au-delà des performances intrinsèques de chaque matériau, c’est bien la conception optimisée du bâtiment dans son ensemble qui permet d’atteindre les objectifs de durabilité. L’association intelligente de procédés et de matériaux adaptés permet non seulement de minimiser l’impact environnemental de chaque produit, mais aussi d’optimiser la performance globale du bâtiment. Ainsi, un matériau ne peut être considéré comme véritablement durable que s’il conjugue qualités environnementales, performances techniques et viabilité économique. De sorte à garantir un impact maîtrisé sur l’environnement tout au long du cycle de vie du bâtiment.

Par Vincent Durand

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